dimanche 19 juillet 2015

Tremblant 70.3 III

Vue de la chambre

Encore un long récit de course pour mes lecteurs assidus qui aiment les détails! Les prochains seront plus succints, j'envisage une nouvelle formule... A suivre! 

Déjà une troisième participation à cette course! Cette année a été aussi mémorable que les autres, d'autant plus que mon séjour s'est déroulé sous le signe de la camaraderie.

La préparation cette année a été différente. Je n'ai pas pris mes congés hebdomadaires d'une demi-journée qui me permettaient de faire des plus longues sorties sans empiéter sur la vie familiale. J'ai donc trouvé ça plus difficile de caser ce genre d'entraînement et je les ai quelques fois raccourci ou moins bien exécuté. Ça joue sur la confiance. En revanche, j'ai couru davantage même si je me suis fait une tite-blessure sortie de nulle part sous le pied gauche au début juin et que mes ardeurs de course se sont ralenties. Et j'ai enfin fait un demi-marathon, un vrai de  vrai, sans faire de vélo avant.

Ceci étant dit, les courses, c'est comme les examens. On s'y présente avec la préparation qu'on a a et on compose avec. On a beau vouloir faire un blitz d'études à la dernière minute (je n'y crois pas vraiment), la préparation à long terme paie davantage: aller à tous les cours, faire les travaux, étudier (et pas juste la veille). Transposition au triathlon: s'entraîner avec assiduité, réaliser une bonne préparation la dernière semaine (nutrition, repos, préparation mentale) et exécuter le jour du triathlon.

Cette année, Coach-du mental ne m'accompagnait pas. Différentes stratégies ont été tentées pour le faire changer d'avis mais peine perdue, il se sentait plus utile près de Petit Loup et voulait aller jouer au golf. C'est compliqué jouer au golf à Tremblant durant le week-end du 70.3, d'autant plus que cette année, le 5150 (olympique) et un sprint se déroulaient le samedi. Ce véritable festival du triathlon a réuni 4000 athlètes et leurs accompagnateurs. Ça fait du people sur le site, ça.

Je partais donc dans les Laurentides comme une grande.

Départ du 5150
Comme j'avais loué un genre de studio en août dernier et que je me retrouvais sans accompagnateur, j'avais offert à Partner de le partager avec elle le vendredi puisqu'elle participait au 5150 le samedi. Son Sherpa l'a finalement accompagné et quand je suis arrivée à la chambre le vendredi soir, je me suis fait accueillir avec un bon spaghetti. J'avais déjà souper mais c'est pas grave, j'avais encore faim. Petite soirée tranquille de papotage entre crevettes estivales (clin d'oeil à Sherpa!). Le lendemain matin, le couple s'est levé tôt pour se préparer à la matinée qui les attendaient. Je les ai accompagné au départ de natation, où enfin je vivais un départ sans la fébrilité et le mal de ventre de devoir moi-même y participer. J'ai rencontré sur place K., une maître-nageuse de mon club convertie au triathlon au cours de la dernière année. Elle préparait son premier demi-ironman depuis septembre dernier. On a donc placoté de choses et d'autres. Elle m'a posé des questions sur la course, on a encouragé les participants qu'on connaissait.

J'ai pris conscience en jasant avec elle que j'avais accumulé un certain nombre de trucs cours des cinq dernières années. On a observé un jeune durant sa transition et c'est là que j'ai introduit K. au fait que la transition, c'est pas le moment de se faire une fondue. Quoi ? Disons que c'est une expression que j'ai emprunté à M. Coach qui m'avait averti de cette façon de ne pas niaiser dans la zone de transition. Des gens perdent de précieuses minutes à se préparer: les fourchettes, les sauces, les accompagnements,...C'est correct surtout si on a un objectif de finir, mais disons qu'avec les efforts que ça coûte pour gruger des minutes à la course ou au vélo, il s'avère cruel de les perdre ainsi en transition. K. l'a trouvé bien bonne et je crois qu'elle sera désormais dans son répertoire d'expressions colorées.

On s'est ensuite entraîné avec G. et sa douce E., deux autres maîtres-nageurs: un peu de nage, un peu de vélo et un peu de course pour réchauffer la machine avant le grand jour. Agréable de le faire en bonne compagnie. Ensuite, je suis retournée dans ma bulle (lire ma chambre) pour dîner et préparer mes tas: tas de linge et trucs pour mon habillement du matin, tas pour la natation, tas pour le vélo et tas pour la course avant le dépôt du vélo dans la zone de transition. Cette année, une difficulté supplémentaire de planification s'est ajoutée. L'hôtel m'a refusé un check-out plus tard, ce qui m'aurait permis de prendre une douche après la course. Il faut dire que cette année, les départs débutaient une heure plus tard, ce qui faisait en sorte que je m'attendais arriver à ma chambre vers 14 h 15. J'ai donc dû paqueter tous mes p'tits afin de vider ma chambre rapidement après avoir installé ma transition au petit matin.

K., G., et votre scribe dévouée. Merci E. pour le cliché!
Je me suis fait ensuite un bon souper maison car j'avais une cuisinette bien équipée dans ma chambre. Ensuite, révision des tas et pognage de beigne en règle, devant la télé. Je dois dire qu'à ce moment (et la veille aussi), je me suis ennuyée de ma famille. Bien que Coach du mental m'ait ordonné de profiter de mon voyage solo, il me manquait. Et Petit Loup. Et Sirène. De toute façon, j'ai eu le moton tout le week-end... ah! ces hormones!

Les betteraves cuites à la maison mais la truite
et la purées de patates douces préparées à la chambre. 

Matin de la course
Après une nuit de sommeil assez récupérateur, le jour se lève et moi aussi. 5 h. Se laver,  s'habiller, se crémer (très important car j'avais omis cette étape l'an dernier), déjeuner (des oeufs et un bagel full confiture, c'était super bon). Oups, j'ai oublié le plus important. Entre se crémer et déjeuner, insérer : aller chercher un café dans le lobby de l'hôtel.

Puis, je me rends à la transition installer mes trucs. Le hasard a fait en sorte que je me retrouve à côté d'une amie d'Unefille qui court. Une nouvelle connaissance de triathlon. La météo est incertaine, de la pluie était au programme. J'avais donc laissé une petite veste coupe-vent (baptisée veste en kleenex car elle est très mince et blanche, limite transparente) dans mon sac de transition de vélo, des fois qu'il mouillerait à boire debout. Une fois mes trucs vérifiés deux fois plutôt qu'une, je laisse tout derrière, me disant que ma natation serait complétée lorsque je reverrais mon vélo.

Retour à la chambre pour faire le check-out. Un autre café aussi. Je vais tout porter mon stock dans mon auto stationnée dans le stationnement sous-terrain de l'hôtel. Je laisse mes clés précieusement à la responsable de l'hôtel. J'ai peur de perdre mon sac d'effets personnels: qu'ils l'égarent ou chai pas, que quelqu'un d'autre parte avec par erreur et que je me retrouve le bec à l'eau, sans clés.

Et je quitte pour me rendre au départ de natation. Seule avec mes pensées. J'arrive sur le site et j'y croise deux membres du club de triathlon avec qui je partage mon corridor de nage 2 à 3 fois par semaine. Ils me dérident avec leurs jokes de gars et m'aident à penser à autre chose. 

Natation
Après une petite trempette pour s'assurer que tout est sous contrôle, je prends mon rang dans le groupe des femmes 40-44 ans. K. y est aussi et une autre future triathlète de mon patelin qui allait réussir dans les heures qui suivraient son premier triathlon, un demi par dessus le marché! Je me dis que j'ai pas mal moins de raison d'être nerveuse qu'elles ce matin.

Le départ est finalement lancé et je pars pour un 1.9 k, probablement 2.1 tellement j'ai l'impression de nager tout croche. L'eau est confortable, rien à signaler. J'enfile les bouées, une après l'autre. Des pensées négatives me traversent l'esprit, genre que je vais faire le même temps que l'an passé , que je pourrais faire mieux. J'essaie de les chasser en me concentrant sur ma technique. J'espère qu'il ne pleuvra pas sur le vélo.

Vélo
La transition se passe rapidement. Je cours du plus vite que je peux, me faufilant entre les autres nageurs qui sortent de l'eau. Arrivée à ma place, j'enfile rapidement mon casque et je pars avec mon vélo. Ma visière tombe. Shit, j'espère qu'elle est pas cassée. Non. Fiou.

Ma préparation à vélo est différente des années dernières. J'ai moins roulé, moins de longues sorties au compteur. Qu'à cela ne tienne, je savais que je suis tout de même plus forte en vélo que l'an dernier, ma performance à Drummondville m'en a convaincu. J'avais hâte de retrouver ce parcours que je connais bien maintenant et que j'apprécie.

Le temps est nuageux, frais, mais pas froid. Pas vraiment de vent ce matin-là non plus. Après quelques kilomètres, je dépasse K., je la félicite pour sa belle natation. Je reprends ma stratégie du vélo confortable. Mais cette année, je n'étais pas confortable. Mon cuissard me faisait mourir. Je ne comprenais pas parce que c'était de l'équipement testé maintes et maintes fois. Restait plus qu'à profiter des descentes pour se soulager le popotin et se changer le mal de place. Quelques grains de pluie sont tombés à mi-parcours mais rien des trombes que la météo nous annonçait. Et pas d'orages non plus.

Sur la Montée Ryan, je me fais dépasser par C., une triathlète de mon club. Facile à repérer avec ses bas de compression rose flash. Je l'encourage à ma façon, genre: Envoye la grosse, t'es capable. Note 1: C. est toute petite. Note 2: Je n'encourage pas tout le monde de la même façon, disons qu'à force de nager dans le même corridor pendant tout l'hiver, on sait ce qu'on peut se permettre! Je rattrape C. à la Montée Duplessis et on s'amuse à se dépasser l'une et l'autre dans les montées et les descentes qui caractérisent cette section du parcours. Un chouette moment! Finalement, je prends le dessus dans la descente de la fin ...ok, ok, à cause de mon poids!

Course
De retour à la transition. Zut, j'ai été un peu moins efficace. J'ai fait un petit détour inutile. On oublie cette erreur. Bas, espads, dossard, visière. Go pour 21 k. Dès la sortie de la transition, je repère les toilettes.  Je ne suis plus capable, j'ai les yeux jaunes depuis au moins 60 minutes. Je ne me décidais juste pas à arrêter pendant le vélo. Je repars, soulagée.

Tentative de mettre ma ceinture dans le bon sens!
Les premiers kilos se déroulent comme prévu. Je me sens bien, prête à affronter ce demi-marathon. Le soleil vient à se montrer le bout du nez et le mercure grimpe. Je me concentre sur trois choses: prendre de la glace pour me rafraîchir aux station, boire, et m'alimenter avec mes gels aux moments prévus. Je pense aussi aux personnes qui ont pris le temps de m'encourager virtuellement au cours de la semaine, avant mon départ. J'éprouve beaucoup de gratitude envers elles pour avoir pris le temps de le faire.

J'aborde bientôt la section du Petit train du Nord. Encore là, ça va bien. Je dépasse les coureurs, quelques femmes. J'aime cette section, les visages défilent et on reconnaît les coureurs. On se salue, on s'encourage. C. apparaît derrière moi, je me demandais où elle était passée! Elle me raconte en riant qu'elle a eu quelques petits ennuis de tuyauterie. Elle est rapide et je l'observe se frayer un chemin devant moi  à travers les dizaines de coureurs qui déambulent à des vitesses différentes.  Un peu plus loin, j'aperçois J., une maître-nageuse qui a troqué ses lunettes et son maillot pour le chandail de bénévole. Elle me réserve un accueil chaleureux à une station d'eau. Ça me fait plaisir de la voir et de sentir son énergie.

Je continue. Le genou droit se met à fatiguer. Je connais ce signe avant-coureur de problèmes avec la B. J'ignore le signe. Je n'arrête pas. Vers le 14 k, la douleur apparaît. Shit...il reste les côtes de la fin à se taper!  Ma vitesse diminue considérablement. Bien sûr, les côtes y sont pour quelques choses mais y a aussi ce couteau (imaginaire) qui s'enfonce sur le côté de mon genou droit à chaque foulée. J'ai sauté en courant (je devais avoir l'air folle) pour changer le mal de place, j'ai tenté d'adapter ma foulée, j'ai accéléré: rien n'y fait. Ça s'estompe, mais ma B me fait savoir que je n'en ai peut-être pas assez pris soin au cours des dernières semaines. Pas grave, je savais qu'y en avait pas pour longtemps.
Arrivée à quelques centaines de mètres de l'arrivée (enfin, ce que je croyais à ce moment), je croise les pompiers nonchalants de l'an dernier, accotés au même endroit.  Je rentre dans le village, avec les cris de la foule et les encouragements. Cependant, au lieu de tourner à droite et de descendre vers l'arrivée, on doit monter dans le village piétonnier. Ayoye, je ne m'y attendais pas. En fait, j'avais compris qu'il y avait un changement dans le parcours mais je n'avais pas compris en quoi consistait LE changement en question. Ça m'a scié un peu les jambes, je l'avoue. Je me rappelle surtout avoir eu l'impression que mes pieds ne levaient pas et que ma posture manquait un peu de tonus.

J'ai finalement franchie l'arche de l'arrivée. Je savais par contre que personne ne m'y attendait. Comme d'habitude, je sanglote un peu (je le fais toujours, je m'y suis habituée). Je me dirige machinalement vers la bouffe mais la faim ne semble pas au rendez-vous. J'attends un peu, je zieute dans la foule d'athlètes si je ne retrouverais pas K.



Ensuite, opération ramassage des p'tits. C'est Coach du mental qui est généralement en charge de cette tâche. Mais cette année, je dois le faire comme une grande. Une fois tous mes graments dans mon auto, dans le stationnement sous-terrain de l’hôtel, je me lance dans une périlleuse mission: retrouver le soldat K. Pour la féliciter, évidemment...mais aussi pour pouvoir prendre une douche à sa chambre, celle-ci ayant accepté gracieusement de me rendre ce service.

Je surveille la transition, je zigonne ici et là. Mais à travers cette foule dense, rien à faire. Je me résous à monter vers son hôtel. Le pire qui peut m'arriver est de retourner à Trois-Rivières toute collée de sueur. Ce n'est pas siiiiii grave. Mais une douche après une course, ça fait partie de la récupération, je pense. Récupération psychologique, disons.

Heureusement, je l'aperçois qui entre avec sa soeur et son beauf dans l'hôtel. Yes! Après les félicitations d'usage, je monte avec eux.

Les madames, y'étaient contentes! 
Je suis sur mon buzz, je peux enfin partager avec quelqu'un d'autre que moi-même les hauts et les bas de la course. En plus, c'est un très bon public:  K. et sa sympathique soeur rigolent à chacune de mes niaiseries. Elles me font penser à moi et ma soeurette. Je m'ennuie d'elle. Le non-moins sympathique beauf me transfère quelques images de moi à la transition et lors de la sortie de natation. Cool! Merci le beauf! La soeur de K. nous oblige (pour notre bien) à une partie de jambes en l'air (au sens figuré) d'une durée de 20 minutes. Je sais que c'est bon pour la récupération mais mautadine, j'étais à boutte après le 20 minutes réglementaires!

20 minutes de torture :)

Mon séjour à Tremblant s'est terminée au resto avec mes amis maîtres-nageurs où on s'est bourré dans le sel et le gras. Miam! J'ai ensuite pris la route vers 19 h, pas si fatiguée puisqu'encore sur l'adrénaline. La route était belle et j'ai pu ressasser les belles rencontres et les moments de camaraderie du week-end. 

Epilogue
Alors que je craignais pour ma B, c'est mon pied qui m'a lâché le lendemain de la course. Une drôle de douleur, causée probablement par un petit os qui s'est déplacé (cuboïde). Tout ça a fini en petite tendinite et j'en ai eu pour un bon 2 semaines sur les blocs pour la course.

Fin de Tremblant 70.3 III.

A l'an prochain ? Je ne sais pas, on verra! 

vendredi 17 juillet 2015

Tourbillon

Quel est mon problème actuellement ?  J'accuse un sérieux retard dans mes publications de recap de course: Joliette, Drummondville, Tremblant. De nouvelles aventures se sont produites à chacune des ces courses et pourtant, je ne viens pas à bout de terminer les billets... 

Un tourbillon s'est emparé de ma vie et je ne sais plus comment l'arrêter. Cette semaine:
- j'ai assisté ma sirène dans une pré-entrevue pour la télé
- j'ai assisté à la dite entrevue télé le surlendemain 
- j'ai pris des rendez-vous chez le chiro pour ma fille
- j'ai eu une rencontre avec un éducateur spécialisé à la maison pour mon Petit Loup
- j'ai participé à une conférence téléphonique avec Synchro Québec au sujet des équipes du Québec (oui, Sirène est sélectionnée)
- j'ai eu plusieurs échanges téléphoniques et courriels avec la fédération et un parent au sujet de l'hébergement de ma sirène en août, à Montréal. Tsé, c'est stressant: tu veux que ton enfant soit bien, dans une bonne famille. 
- j'ai travaillé, je me suis occupée de la maison et des enfants et je me suis entraînée (ça, c'est la routine!)
-et demain, nous sommes invités à une fête avec des parents d'enfants extraordinaires (lire, des parents d'enfants différents)... que je ne manquerai certainement pas puisque planifiée depuis des lunes.
- je me suis sentie coupable de refuser de participer à une autre activité sociale. 

Dans ce contexte surchargé, l'entraînement se fait sans entrain. Le coeur n'y est pas pour participer à Magog la semaine prochaine. J'ai encore quelques jours pour m'inscrire, je ne presse pas la décision. J'attends que le tourbillon cesse, en essayant de le calmer tant bien que mal, me disant que c'est temporaire et que je vais reprendre le contrôle. 

Les vacances approchent, ça ne pourra certainement pas nuire...

vendredi 29 mai 2015

Touski mai 2015


Un peu n'importe quoi, que vous sachiez que j'existe encore!

Direction St-John's, NB
Je quitte mercredi matin pour un séjour de 5 jours à St-John, NB. Sirène participera à son tout premier championnat canadien de nage synchronisée et pas question que je rate cette compétition. Pour la voir performer elle et ses coéquipières, bien sûr; mais aussi pour être sur place si jamais elle a besoin, bien que le club offre un excellent encadrement. Je vais en profiter pour courir et rouler tant que je peux. Sherpa (le conjoint de Partner) a gentiment accepté de faire l'agent de voyage et me planifie quelques parcours de vélo. Pour la course, c'est facile: le magazine Canadian Running avait publié un article sur le sujet. Mes repas sont planifiés pour plusieurs jours. Je prépare depuis quelques semaines des petits plats congelés en prévision de mon périple.

saintjohnnb


Record de kilometrage hebdomadaire de course à pied
J'ai fracassé mon record de kilométrage de course hebdomadaire la semaine dernière: 55 k. Je touche du bois car cet exploit (pour moi) s'est fait sans bobos, sans douleurs. Je n'avais jamais franchi ce cap. Je crois que mon maximum a été de 40-42 k. J'aime à penser que mes petites routines de renforcement, la variété des surfaces de course, le yoga, l'intensité moins élevée ont contribué à me permettre d'atteindre cette valeur. Maintenant, j'ai hâte de courir encore, ce sera p'têtre mon dada cet été, qui sait ?  J'ajoute que l'entraînement s'intègre encore mieux dans ma vie ces temps-ci. Coach du mental est plus disponible car son lieu de travail a changé. Ça allège mon quotidien. Moins de stress, plus de plaisir à s'entraîner!

Mes sentiers près du Saint-Maurice

Premier triathlon: Joliette!
Je participerai à mon premier triathlon de la saison dimanche. Je me suis inscrite à la dernière minute, retardant sans cesse mon inscription. Pourquoi cette procrastination ? Les raisons que je me donnais: calendrier chargé à cette période de l'année et peur qu'une blessure ne m'oblige à ne pas me présenter ($$ gaspillé). La vraie raison: j'ai peur d'avoir mal (je n'ai pas tant fait d'intensité cet hiver) et de faire moins bien que les années dernières. Bravo Isa: une fois que les peurs sont exprimées, on peut les rationaliser. Ce que je me suis efforcée de faire aujourd'hui. Cela me permettra d'être pas mal plus focus dimanche matin. Se demander sans cesse si on va faire mieux que les années précédentes, ça ne me semble pas très constructif comme discours mental pendant une course. Merci d'ailleurs à Partner car c'est grâce à elle que j'ai craché le morceau ce matin dans le vestiaire de la piscine.

Petit Loup à deux roues
Sirène performe bien comme nageuse mais Petit Loup n'est pas en reste, loin de là! L'an dernier, il a débuté le vélo à deux roues dans sa cour d'école. Cette année, Coach du mental a retiré son kit de roues adaptées et Petit loup roule maintenant à deux roues, comme un grand. Il était si fier de cet accomplissement. On l'habitue progressivement en roulant dans le quartier et sur la piste cyclable. Il a encore des croûtes à manger mais j'aimerais bien qu'on fasse le trajet vers son école (10 k environ) d'ici la fin de l'année scolaire. Quelle belle réussite ce serait pour lui, mais aussi pour tout le personnel de l'école qui contribue à son développement!

Comment ne pas être enthousiaste à l'idée d'aller
 faire une ride avec ce petit homme ? 

dimanche 17 mai 2015

Une fille qui court: se laisser prendre au jeu

Deux filles qui courent!
Jour 2 d'une fin de semaine occupée. Le samedi, je prenais part demi-marathon de Victoriaville. Le lendemain, le programme était: ouvrir un parcours de demi-marathon en vélo dans le cadre de l’événement Une fille qui court. Jamais je n'aurais cru que cette expérience me ferait vivre autant d'émotions. 

L'histoire débute alors que je me lève vers 5 h, la matin de la fête des mère. Je descends l'escalier à la manière de Lucky Luke, les quads bien durs du demi de la veille, pour me faire un bon café. Ouin, le vélo va faire du bien pour dérouiller tout ça. 

Je savais que j'allais rencontrer Couette-de-feu, que je guiderai finalement durant toute la course. Couette-de feu, c'est une coureuse redoutable rencontrée sur Dailymile il y a quelques années. A enregistrer jour après jour des entraînements depuis près de 4 ans maintenant dans cette application, à raconter et lire les hauts et les bas d'athlètes groupe-d'âge de tous calibres, on finit par se lier d'amitié avec des gens qu'on ne connaît que dans la vie virtuelle mais qui existent bel et bien dans la vraie vie. Couette-de-feu est l'une de ces amies virtuelles qui m'a encouragé plus souvent qu'à son tour. Elle m'a fait voir les choses sous un autre angle avec son expérience de sportive performante et sa plume vive. Je peux maintenant mettre un visage, une voix et une foulée sur cette amazone du clavier.

Elle était accompagnée pour l'occasion de son coach-du-mental à elle. Une bouille sympathique mais surmontée d'un monticule capillaire (dixit Couette-de-feu) qui a finalement été oublié, puisque caché sous son casque de vélo. Je l'ai tout de suite classé dans la catégorie chic type... et mon flair ne m'a pas trompé. 

Les coureuses arrivent tranquillement, c'est agréable de papoter avec Partner avant le départ qui est là aussi pour ouvrir le 10k. On reçoit les dernières consignes de l'organisatrice, Nathalie. Ses yeux bleus pétillent encore malgré la fatigue accumulée en préparation de cet événement et les nuits écourtées depuis plusieurs semaines. Elle est fraîche comme une rose. Elle me remet un chandail de vélo: je serai une Cyclo-pétard pendant 3 h. Je fais quelques tours de reconnaissance avec le vélo de montagne qu'on m'a prêté afin de me familiariser avec la monture et sans tambour, ni trompette, nous voilà parties pour un 21 k de vélo. Le départ du demi est donné à 7 h et 80 femmes s'élancent dans les rues de Trois-Rivières. 

Je ne connaissais pas les filles sur la ligne (sauf Couette-de-feu) mais je me doutais bien que ma protégée se retrouverait dans le peloton de tête. Elle s'est effectivement rapidement démarquée des autres et je savais à partir de là, à moins d'une bad-luck, je la guiderais durant toute la course. 

Elle court bien, la Couette-de-feu. Je l'entends derrière moi. Tape-tape-tape fait le son de ses Mizuno sur le bitume. Je la regarde souvent du coin de l'oeil. Je reste muette, tranquille, je la laisse dans sa bulle. Je lui signale avec les signes des cyclistes de route les trous d'eau, les craques traîtres. Ça va être le fun... jusqu'au km 2.5 ou je ne sais plus trop où aller. Je demande au bénévole à l'intersection. Il sait pas. Couette de feu s'élance dans la rue, elle retourne vers le départ. Elle a le regard affolé. NON! Je capote, je suis très nerveuse, je me dis: Elle va courir 21 k, je vais l'amener au point que je connais, je sais comment retrouver le parcours.  J-P, son coach du mental arrive à la rescousse, je ne sais plus trop ce que je lui dis mais ça devait ressembler à : Reste avec moi, svp, j'ai besoin d'aide. Finalement, on a suivi le bon chemin, je vois des oriflammes marquant la distance. Soulagement.

Je me tape sur la tête, quel piètre ouvreuse je fais ! J'en tremble presque. Je me sens mal pour ma coureuse que j'ai stressé de la sorte. Tape, tape, tape. Je sais ce que représente la préparation à une épreuve pour un athlète. On s'entraîne fort, on investit des heures d'entraînement, des $$$. On se déplace pour se rendre sur les lieux de l’événement. Alors, on veux que ça se passe bien. Je sers les dents et les mains sur mon guidon. Tape, tape, tape.

La ville est encore endormie à cette heure, les rues sont vides. Quelques bénévoles ici et là mais ils ne sont pas encore réchauffés par l'esprit d'une vraie course. Ils regardent la gazelle passer, un peu subjugués par sa foulée. C'est assez étrange comme feeling. Je reprends confiance, je connais les rues, je sais maintenant ou je mène ma coureuse. On arrive près du port, la brume du fleuve nous tombe dessus. Épaisse comme de la purée de pois. Une première station d'eau surgit de nulle part.

On poursuit vers l’île St-Quentin. Ce sont des lieux communs pour moi. Je vais souvent courir sur l'heure du midi ou après le boulot dans ce secteur. Le parcours sur l'île me fait un peu peur par contre. Je connais la boucle mais j'ai un blanc pour la sortie. Fou d'même. Et c'est pas qu'on me l'a pas expliqué. Le mardi précédent la course, l'organisatrice se déplaçait avec moi et nous avons fait le parcours à pied sur l'île. Mais on a coupé court sur la sortie. Merde.

Parenthèse sur mon cerveau en situation sportive: Le sport me fait perdre une partie de mon quotient intellectuel et m'occasionne des pertes de mémoire. A la natation, je peine à compter plus de 4 longueurs. C'était un running gag entre mon précédent bourreau (coach) et moi. A mon premier triathlon, j'ai fait 6 tours de 1 k au lieu de 5. Bravo Championne! Pourtant, je suis très intelligente. Cela vous donne simplement une idée de la diminution temporaire de mes capacités intellectuelles lorsque mon coeur bat à plus de 50% de sa fréquence maximale. Fin la parenthèse, retour à la course. 

Le son des Mizuno s'est estompé dans les sentiers de terre de l'île recouverte de brume. Plus de tape-tape-tape. Couette-de-feu n'aura même pas vu qu'elle se trouvait en plein milieu des trois rivières. La vue est pourtant si belle. Je sais qu'on a deux tours à faire dans ce parc. Il y a une section sur le bord du fleuve, très étroite. J'ai peur de tomber dans l'eau.

A gauche, c'est le néant. Bin non, c'est le fleuve! Source: J-P
Je ramène ma coureuse au turn-around pour entreprendre le deuxième tour. Mais ce n'est pas clair pour elle, ça cafouille, je lui crie fermement de virer de bord. Elle s'exécute finalement, un peu désorientée à cause de moi encore une fois. Maudit que j'me sens incompétente! Et J-P, l'autre coach-du-mental est là, un peu partout et nulle part à la fois. Le son du flat sur son vélo me rappelle sa présence. Oui, oui, il a fait un flat dès le début de la course mais ça l'a pas empêché de venir nous secourir Couette-de-feu et moi au km 2.5. Ça me rassure qu'il soit là. Je me sens moins seule avec Pascale dans la brume. Il aura d'ailleurs pris des clichés tellement représentatifs de cette course et il aurait probablement sa vision de la course à lui aussi. Je lui dois une fière chandelle.

On entreprend le deuxième tour de l'île. C'est alors qu'on se met à croiser d'autres coureuses du demi. Je dois leur demander de libérer la voie pour laisser passer la coureuse de tête.  Je souris un peu mais je suis encore crispée de toutes mes bévues et toute ma concentration se porte vers ma coureuse. Pour me rassurer, je demande fermement à une bénévole d'une station de ravitaillement si la sortie est bien par là. Elle me dit qu'elle ne sait pas. Je continue et me dit que de toute façon, je sortirai par le chemin où on est entré pis personne ne le saura. Finalement, c'était le bon chemin. Je croise un autre bénévole en scooter, je le supplie de m'aider, de me montrer le chemin. Il nous escorte toutes les deux hors de l'île et me rassure en me disant qu'à partir de ce point, tout est clair, y aura pas de problèmes. Il a eu raison sur la clarté du parcours mais ma coureuse et moi n'étions pas au bout de nos peines.
Le scooter qui nous aide à sortir de l'île de brume
Source: J-P

Au détour d'une ruelle digne du Matou de Beauchemin (sans le côté romantique), je vois du coin de l'oeil J-P qui retient deux gros chiens ou qui parle à leur maître. Deux ou un ? Pas certaine de mon souvenir. Qu'à cela ne tienne, les colosses (tiens, j'ai décidé qu'y en avait deux) jappaient et J-P a peut-être sauvé l'un des efficaces mollets de sa blonde d'un incident fâcheux...sans compter les mollets des autres coureuses qui ont suivi par la suite!

On entre ensuite dans les petites rues charmantes de la veille partie de Trois-Rivières. C'est qu'une bonne partie de la ville a été rasée en 1908 par un incendie dévastateur qui a pour ainsi dire fait table rase du passé architectural de la ville. Sauf cette petite section. Alors que Couette-de-feu et moi abordons ce secteur (rue des Ursulines), une voiture profite de l'absence de bénévole à une barrière orange pour faire son apparition dans le parcours (coin Ste-Cécile/des Ursulines). Je fais signe à la conductrice un peu perdue de se ranger. Avec le regard que je lui lance et mon geste autoritaire de la main, elle sait qu'elle n'a pas le choix d’obtempérer. Je fais passer ma coureuse et je laisse J-P gérer la conductrice égarée. 

Rue des Ursulines... sans les Roses

Les fêtes de San Fermin
En levant la tête, j'aperçois l'épreuve ultime de cette étrange aventure: des centaines de femmes arborant leur chandail rose occupant entièrement la rue des Ursulines. Couette-de-feu et moi se dirigeonsà 4 min 20 du kilo  directement dans cette foule compacte. Couette-de-feu s'écrie: NON! (ou kekchose de même). Je sens sa surprise, mais aussi son abattement. Une image me vient alors en tête: les Fêtes de San Fermin à Pampelune. Vous savez ces lâchers de taureaux dans les rues tortueuses d'une petite ville d'Espagne, où les gens courent dans tous les sens pour éviter de se faire embrocher par les bêtes? Habillés en blanc avec un p'tit foulard rouge au cou ? Lorsque la voix tonitruante de J-P s'est fait entendre pour scander aux femmes de se tasser, Couette-de-feu et moi sommes devenus le taureau. Le passage s'est ouvert, je me suis mise à crier à plein poumons moi aussi, soudain investie d'une mission: sauver ma coureuse de cette foule! Les femmes sursautaient, un peu affolées, ne comprenant pas trop la consigne, ni ce qui se passait. Certaines davantage dans leurs bulles ne se tassaient tout simplement pas (because les écouteurs sur les oreilles) ou le faisaient juste à la dernière minute. Des femmes en tiraient d'autres par la manche, poussaient légèrement leurs compagnes de course. Un certain chaos, je dois l'avouer. Mais j'étais déterminée à fendre cette foule en deux et J-P derrière me donnait un solide coup de main à l'arrière. Mémorable. 

Cette lutte pour se frayer un passage s'est poursuivie jusqu'au fil d'arrivée. Sur la rue La Vérendrye, à 2-3 kilos de l'arrivée, J-P s'est écrié: On prend possession de la ligne jaune! Je me suis alors retrouvée à zigzaguer sur la ligne jaune au milieu de cette rue, suivie de Couette-de-feu. Nous étions entourées de centaines de femmes à notre gauche courant dans un sens et autant à notre droite, se dirigeant vers l'arrivée. Heureusement, aucun incident n'est survenu dans cette épopée vers l'arrivée. Pas de chute pour moi, ni pour aucune femme. J'ai mené mon cheval jusqu'au bout. J-P et moi l'encouragions dans ce dernier droit, soulignant à qui voulait bien l'entendre qu'elle s'appelait Pascale, qu'elle était super bonne et que c'était la première coureuse du demi. 

Lorsqu'elle a franchi l'arche, à travers des dizaines d'autres femmes, toute ma tension s'est dissipée et je me suis effondrée en larmes dans ses bras poisseux de sueur (oui, c'était vraiment dégeu Pascale!). Je m'excuse, je m'excuse, j'ai gâché ta course. Elle m'a souri, exténuée. Un beau sourire qui m'a rappelé que si je n'avais pas été sur la coche comme ouvreuse, il me restait encore plusieurs filles du demi à escorter dans la foule de femmes roses. Nathalie comptait sur moi. 

Je me suis donc mise à remonter sans cesse le dernier kilomètre, encourageant les filles, tapant dans les mains ici et là. Je me suis laissée prendre au jeu, m'improvisant animatrice de foule. Ma technique: je repérais une coureuse du demi (dossard jaune) ou d'une autre distance mais qui me semblait fatiguée, je regardais son nom écrit sur son dossard et me mettait à lui parler: 

Ça va bien Hélène, tu as presque terminé. Tu vas tourner au bout de la rue à gauche là-bas et tu vas voir l'arche. Tu vas donner tout ce qui te reste car tu vas être très fière de toi après. Ça va bien Hélène, tu es bonne, tu es solide. 

Remise des médailles
Et lorsque j'arrivais devant la foule massée le long des barrière, je m'adressais à elle en gesticulant: C'est Hélène, elle a fait un demi, encouragez-là! C'est le truc de J-P et croyez-moi, il fait fureur! Et les gens de se mettre à encourager Hélène, Marie-Eve, Josée, Julie par leur nom, avec entrain. Je voyais des sourires se dessiner sur le visage des femmes, fières de recevoir des encouragements si personnels. J'ai continué inlassablement. J'ai vu des visages souriants, fatigués, j'ai vu des femmes pleurer en voyant leurs enfants et leur conjoint. Que de fierté, d'énergie et d'accomplissement!


L'arrivée
Ce manège s'est continué jusqu'à la dernière femme de l’événement. Anne a finalement terminé son demi, accompagnées de plusieurs encadreuses à vélo et de ses amies de La Tuque qui l'encourageaient. J'aurai accompagné la première et la dernière.

Je garderai un souvenir impérissable de l’événement: pour ma première (et pas la dernière) expérience de bénévole, pour mon aventure inimaginable avec Couette-de-feu et son coach-du-mental et pour le plaisir que j'ai eu à encourager toutes ces femmes, mamans ou non, à l'occasion de la fête des mères.

En terminant, je tiens à remercier l'organisation Une fille qui court d'avoir remis 2000$ à la Maison Grandi-Ose, un centre de loisirs adaptés que Petit Loup fréquente depuis 7 ans et qui fait partie de la qualité de vie de ma famille. Et félicitations Couette-de-feu pour ta course.

N'hésitez pas à prendre part à un événement comme bénévole. On en retire beaucoup plus que l'on ne donne.